Un combat pour l'Ukraine

Vitali et Volodymyr Klitchko, frères et boxeurs, comptent parmi les Ukrainiens les plus connus à l'échelle du monde. Même hors du ring, les deux « Klitchko » sont particulièrement appréciés dans leur pays natal, en combinant excellence sportive et soutien à la société civile. Nous avons demandé à Vitali Klitchko comment il parvenait à gérer ses nombreuses implications, et comment il voyait l'avenir de l'Ukraine.

Vitali, vous êtes connu de par le monde. Pourquoi avez-vous choisi de rester vivre en Ukraine ?

Pour moi, Kyiv, c'est ma maison. Non seulement je sais que je peux ici réaliser mes rêves et mes ambitions, mais je pense également que c'est bénéfique pour ce jeune pays qui n'a que seize ans d'existence. L'Ukraine a fait le choix de suivre la voie européenne pour son développement. Je veux participer à la construction d'un Etat démocratique, et je crois que mon expérience, et mon énergie, peuvent contribuer à cette réalisation. L'Ukraine a un potentiel énorme. Aujourd'hui, une grande part de l'avenir de l'Ukraine dépend de ses jeunes générations, ceux qui aiment l'Ukraine, qui croient en elle et qui font le choix de lier leur propre futur avec celui de leur pays.

Lorsque vous avez abandonné le ring, vous avez choisi de vous impliquer en politique. Comment cette transition s'est-elle déroulée pour vous ?

Ce n'était pas simple. Il faut dire que la vie politique ukrainienne est encore dans une période d'apprentissage, et nous essayons de bâtir une société véritablement ouverte et civilisée. Aujourd'hui, nous en sommes encore aux premières étapes, et celles-ci sont, toujours, les plus difficiles. La politique, c'est un domaine qui joue très dur, mais je n'ai jamais reculé devant un défi.

Vous avez récemment annoncé votre retour sur le ring. Est-il difficile d'allier engagements politiques et ambitions sportives ?

Je suis député au Conseil municipal de Kyiv. Comme tous les députés, je ne suis pas salarié pour ce travail, et comme tous les députés, j'ai un travail parallèle pour gagner ma vie : je m'entraîne, encore maintenant, tous les jours. Les combats sont assez peu fréquents, un ou deux par année, donc j'ai suffisamment de temps pour me consacrer aux dossiers importants. Il n'y a pas d'incompatibilité entre ces deux activités, et je n'ai pas de problèmes particuliers à associer mon travail politique et sportif.

Vous avez l'occasion de rencontrer beaucoup de gens en dehors du pays. Comment voient-ils l'Ukraine, connaissent-ils bien notre pays ?

Malheureusement, les gens connaissent très peu l'Ukraine. La Révolutionorange a certainement eu un impact énorme autour du monde, et a donné une image très positive du pays et des Ukrainiens. Malgré de nombreux conflits, malgré la tension et malgré la confrontation, nous avons réussi à résoudre nos problèmes sans qu'une seule goutte de sang ne soit versée.

Les gens connaissent aussi l'Ukraine à cause de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, mais c'est une renommée bien peu enviable. Je préfère mettre l'accent sur cette nature magnifique que nous avons, les côtes sud de la Crimée, les endroits de villégiature fabuleux et les sources minérales des Carpathes, et Kyiv, bien sûr, cette perle précieuse qui est l'une des plus vieilles villes d'Europe. Nous avons un potentiel touristique énorme, et au fur et à mesure de l'amélioration des infrastructures, le nombre de touristes en Ukraine va croître. Les gens qui visitent l'Ukraine pour la première fois sont frappés par la beauté des paysages, par l'hospitalité de notre peuple... Lorsque j'étais jeune, l'un de mes premiers petits boulots a été de servir de guide pour des groupes de jeunes qui visitaient la capitale. Aujourd'hui, j'invite régulièrement mes amis étrangers à venir découvrir Kyiv.

Quelles célébrités avez-vous eu l'occasion d'inviter chez nous ?

J'ai accueilli Mila Jovovitch, Sergiy Sikorsky, Mike Tyson et de nombreuses autres stars à Kyiv.  J'ai d'ailleurs une petite anecdote à propos de la visite de Mike Tyson, lorsqu'il visitait l'une des églises de la Laurede Petchersk, à Kyiv. A un moment, j'ai vu que Mike était nus pieds, je lui ai demandé, « Mike, où as-tu mis tes chaussures ? ». Il avait laissé ses chaussures à l'entrée du bâtiment, selon le rite musulman. J'ai dû lui expliquer que le rite orthodoxe exigeait des hommes qu'il soient nu-tête dans les lieux de culte, mais qu'il n'était pas nécessaire de se déchausser !

Vous avez la réputation d'être un homme très généreux.

Quelles causes défendez-vous ?

Nous sommes, mon frère et moi, ambassadeurs de l'UNESCO dans le cadre du programme « Education pour les enfants en difficulté ». Nous organisons des campagnes de financement pour de nombreux programmes dans les pays en développement, afin de permettre aux enfants pauvres de trouver une place dans la société. L'éducation de qualité est nécessaire pour faire face aux problèmes que connaissent les enfants en difficulté.